Nous entrons au Canada par Port of Piegan dans la province d’Alberta. Les formalités douanières sont d’une rapidité exceptionnelle, 5 minutes et aucune inspection du camping-car.La frontière chevauche, à travers les Rocheuses, le « Glacier National Parc » aux Etats-Unis et « Waterton-Lakes » au Canada. Ces deux parcs contigus furent réunis en 1932 par les gouvernements de ces deux pays pour en faire le premier parc international de la paix avec un idéal : faire partager les responsabilités d’intendance entre des hommes de pays différents et les Premières Nations des Blakfeets(indiens). Nous avons la chance d’y voir un élan dans la rivière, un coyote, un ours noir et deux grizzlis.
Calgary, que nous allons visiter en tramway, est une ville à l’allure avant-gardiste. « Les architectes se sont fait plaisir » dit Florent. Nous apprécions la gentillesse des commerçants canadiens qui nous offrent la réparation d’un impact dans le pare-brise et celle d’un pneu (9O dollars économisés !).
L’appel des Rocheuses retentit à nouveau. La Transcanada Highway nous amène aux parcs nationaux de Banff et Jasper, classés au Patrimoine mondial de l’Unesco. Des paysages sublimes nous y attendent tels les eaux émeraudes de Lake Louise, le glacier Athabasca du champ glaciaire de Columbia.
Nous atteignons la province de la Colombie Britannique.La route 16 nous donne l’occasion d’apercevoir des saumons sauvages remonter un torrent et de voir également des femmes fumer le poisson de manière traditionnelle.
Nous atteignons Prince Rupert, petit port d’embarquement pour Juneau en Alaska. Nous reprenons ensuite la route en sens inverse jusqu’à New-Hazelton. Sur le bord de la route nous prenons un indien en auto-stop. Il nous montre son porte-bonheur qu’il tient dans sa main et nous avoue son soulagement de monter enfin dans un véhicule après 7 heures d’attente! Rapidement il nous informe que la route sur laquelle nous nous trouvons s’appelle « la route des larmes », que des sérials killers y ont sévit et qu’on y a dénombré une centaine de disparitions… C’est vrai qu’on voit plusieurs affiches avec des portraits de femmes recherchées… Je trouve notre passager de plus en plus étrange, il a un drôle de regard et puis il a des griffes sur le visage, et si c’était un sérial Killer ?! Assise à l’arrière à côté des enfants je sors discrètement notre bombe de défense et ne le quitte plus des yeux ! En remerciement, il nous propose de nous offrir une côte de caribou dans un village un petit peu plus loin mais nous préférons décliner l’invitation. Le soir, au milieu de la forêt, j’ai beaucoup de mal à trouver le sommeil, mon imagination tourne à plein régime. Au petit matin, tout va bien, je savoure mon café, le pire scénario n’a pas eu lieu.
Nous reprenons sereinement la route. Nous nous arrêtons à Kitwanga, territoire des Premières Nations. Les maisons et les jardins sont négligés. Jouets, fauteuils cassés, féraille traînent partout. Au milieu de ce laisser-aller et de ce malaise culturel surgissent, préservés, d’ authentiques totems indiens. Un homme de grande taille, longs cheveux gris, nous accoste en attirant notre attention sur le détail d’un des totems. Il nous apprend que son grand-père était le chef de la tribu. Il est 9 heures du matin, il a une bière à la main…
Ayant connu la difficulté de l’ auto-stop il y a 3o ans au Canada, Florent ne peut s’empêcher de faire monter à bord de Guanaco deux nouveaux auto-stoppeurs. Cette fois-ci, pas de crainte à avoir, il s’agit de deux jeunes compatriotes bretons Julien et Guendal en voyage depuis 10 mois. Nous ferons un bon bout de chemin ensemble, jusqu’à Fairbanks en Alaska. Khéo est ravi d’avoir 2 grands copains avec lui.
Julien et Guendal
La route 37, Cassiar Highway, marque le début de notre longue et fascinante remontée vers le nord. Les forêts s’étendent à l’infini, les villes sont de plus en plus isolées les unes des autres, parfois de plusieurs centaines de kilomètres.
Le 3 septembre, nous revoilà pour quelques heures seulement aux Etats-Unis à Stewart où nous espérons voir des ours. Tandis que Florent règle les droits d’entrée du site, je fais faire pipi à Khéo dans un fossé, ce qui me vaut une belle leçon de moral par le gardien ! L‘Amérique puritaine est bien réelle… Le spectacle des ours se régalant de poissons est fascinant. Le niveau de la rivière est bas et les saumons sont épuisés. Les ours, d’un simple coup de patte, n’ont aucun mal à les attraper. Repus en cette fin de saison, ils se contentent d’une petite partie du saumon seulement. Nous assistons, dans le silence, à un bien beau moment de vie sauvage.
A Watson Lake, sur un poteau, nous immortalisons notre passage comme tant d’autres voyageurs. Un enjoliveur à notre nom vient rejoindre les centaines d’autres inscriptions en tout genre. Un moment bien amusant.
Le 5 septembre il ne fait que 8 degrés au réveil dans le camping car. Je regarde mon carnet de note il y a tout juste un mois, nous étions à Death Valley par quelques 50 degrés !
A partir de Watson Lake nous roulons sur l’Alaska Hightway, une artère unique au travers de la foret boréale. En 1942, les gouvernements Canadien et Américains décident d’ouvrir cette voie stratégique vers le Nord en réaction à l’invasion des îles Aléoutiennes par les Japonais. Quelques 15 000 hommes tracent jour et nuit un profond sillon qui allait devenir la route de l’Alaska.
Nous nous enfonçons dans un Canada de plus en plus sauvage. Le sentiment d’isolement dans cette nature grandiose est exaltant. Nous pénétrons dans le Yukon. Quelques 80% de ce territoire sont encore vierges et abritent des montagnes atteignant 5000 mètres d’altitude. Ici vivent 250 000 caribous, 70 000 orignaux, 6000 grizzlis ! Les couleurs verte, or, rouge sont magiques.
A Whitehorse, nous partageons un repas avec l’association francophone de la ville. Un moment convivial et une soirée, pour une fois, hors du camping-car.Nous achetons une bouteille de gaz supplémentaire (indispensable pour le chauffage) et faisons le plein de provisions, la prochaine ville est à 535 kms de là !
Nous abandonnons l’Alaska Highway pour la Klondike Highway qui nous mène à Dawson City. Retour au temps de la ruée vers l’or ! La ville passe de 1500 personnes en 1897 à 30 000 en 1898. Les rues en terre battue, les saloons, les trottoirs en bois, les peaux de trappeur et les accessoires pour chercher l’or confèrent à Dawson City une atmosphère vraiment unique. Certains aventuriers chercheurs d’or parvenaient là après un long et difficile périple de plus de 6 mois.
Nous décidons nous aussi de tenter notre chance. Direction la rivière Bonanza. Dans l’eau glacée, Hugo plonge et replonge sa batée scrutant attentivement son contenu : de la poussière d’or mais pas la moindre pépite…
Nous nous rendons dans le parc territorial de Tombstone à 100 kms de Dawson City. Au matin il fait 4 degrés dans le camping-car. Nous partons avec Guendal et Julien faire une petite randonnée. Khéo est ravi de marcher dans la neige ! Se retrouver ici, dans ce sublime grand nord canadien, après tous ces kilomètres parcourus, tous ces pays traversés, les moments parfois difficiles du voyage, les doutes, déclenchent en moi une émotion intense…
Avant de poursuivre la route nous devons nous occuper des petites plaies de Guanaco : 2 impacts dans le pare-brise (et oui encore !) et 2 pneus crevés (et oui encore !).
Le 12 septembre nous prenons la direction de l’Alaska par la « Top of the world » cette route doit fermer dans quelques jours pour l’hiver qui doucement s’annonce.Nous repartons au petit matin sous une neige abondante…
Plus de photos du Canada sur : mesphotosdumonde.hugo.over-blog.com
A bientôt